Tu ne t'aimes pas
Je lis la prose impeccablement impressionniste de Nathalie Sarraute et trouve qu'elle entre en resonnance avec ma semaine... Cela s'appelle Tu ne t'aimes pas, une accusation ou constatation qu'on ne pourra jamais m'opposer :-)
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(...) deux etres distincts l'un de l'autre.
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- la nous trouvions les mots mis a notre disposition... et nous nous les lancions: « je t'aime »...
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- imaginons cela: un « je » autonome se présente devant un « tu » et lui envoie « aime »... il peut aussi lui demander de le lui renvoyer... « tu m'aimes? »
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- c'est curieux, en nous servant de ces « jet'aime », « tu m'aimes? » nous étions un peu étonnés de ne pas pouvoir tout a fait garder notre sérieux, nous sentions qu'un sourire affleurait a nos levres, a nos yeux...
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- il devait avoir l'impression confuse que nous étions des enfants qui jouent
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- c'est ca, des enfants qui s'amusent a imiter les grandes personnes
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- nous pouvions aussi jouer aux portraits. Le « je » se placant a distance du « tu » et l'observant... isolant ce qui apparaît ici ou la, le rassemblant, le désignant... « tu sais ce que tu es? Tu es la bonté meme. Qui est plus généreux que toi?... et pour faire plus drole, se plaçant encore plus loin...
Nathalie Sarraute; Tu ne t'aimes pas; ed. Gallimard, coll. Folio; page 124