Lancement en grande pompe

Publié le par remi

Voilà, grâce à un courageux journaliste (encore que... voir note), une nouvelle marque de chaussure émerge au Proche-Orient.

 

Baydan, un chausseur turc, voit sa production annuelle de 15 000 paires gonflée par une soudaine explosion des commandes (370 000 paires commandées en moins d'un mois, selon Le Monde). Au moins une marque levantine qui risque de s'imposer face aux mastodontes de la mode occidentale.

 

Le modèle tant désiré a prestemment été baptisé ''Bush Shoes''.

Le Monde encore, fait cette excellente analyse qui explique le pourquoi du succès médiatique de la chaussure :

 

Comme elle nous semble irréelle, en effet, l'image de Bush atterrissant, le 1er mai 2003, sur le porte-avions Lincoln, à bord d'un avion de chasse, pour annoncer la fin des opérations devant l'inscription : "Mission Accomplished". A l'époque, le commentateur de Fox News ne s'en cachait même pas : "C'était fantastique comme théâtre." Et David Broder, du Washington Post, avouait qu'il avait été subjugué par la "posture physique" du président. C'est Scott Sforza, un ancien producteur d'ABC, qui a créé les nombreux arrière-plans devant lesquels Bush a fait ses déclarations les plus importantes : le 15 août 2002, par exemple, quand il s'exprima solennellement sur la "sécurité nationale" devant la falaise de Mount Rushmore (Dakota du sud), où sont sculptés les profils des présidents Washington, Jefferson, Lincoln et Roosevelt. Le visage de Bush s'y superposait comme par enchantement.

 

Michael Deever, qui avait mis en scène en 1980 la déclaration de candidature de Ronald Reagan, ne tarissait pas d'éloges sur les cadreurs de George Bush : "Ils comprennent l'image comme personne avant eux. Ils ont compris que ce qu'il y a autour de la tête est aussi important que la tête." En jetant ses chaussures au nez de G.W. Bush et à la barbe du premier ministre irakien, le journaliste de la chaîne Al-Bagdadia n'a pas seulement exprimé son opposition à l'occupation militaire de l'Irak, il a produit un surprenant effet de réel dans un simulacre, un véritable "décadrage" du récit de la guerre par l'administration Bush. Autour de la tête de G.W. Bush - cette fois, les cadreurs du président étaient pris de court - il n'y avait plus les signes de la puissance, mais une chaussure qui fendait l'air...

 

Cet épisode, qui a provoqué sur le Web une hilarité de bon aloi, restera sans doute dans les mémoires l'équivalent, à l'ère du numérique, de ces vignettes qui agrémentaient nos livres d'histoire d'anecdotes, comme le "vase de Soisson" ou "le coup d'éventail" du dey d'Alger au consul de France Deval.

 


 

note : lancer ses groles à la tête d'un homme qu'on est censé interviewer, n'y a-t-il pas pire exemple de la défaite de la pensée journalistique pour un mec qui aurait du se battre avec son style et sa plume ?

 

Publié dans Chronique dubaïote

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L
je ne suis pas certaine qu'un journaliste arabe puisse réellement se battre avec Bush. Le président Bush est d'une telle mauvaise foi, il est si convaincu de sa supériorité que le dialogue est impossible. La mise en scène de la conférence de presse était éloquente (genre "taisez vous, je suis le président de l'Amérique, soyez idiots, soyez soumis, ne posez pas de questions qui me désobligeraient") Le coup de la chaussure est courageux.je trouve qu'évoquer une "défaite de la pensée" est un peu exagéré Le journaliste il est en tôle ...
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M
En cliquant (prop vite) j'ai vu : c'est "au" les embauchoirs. Non pas jeter la godasse ...
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M
Très juste la note à un détail c'est que le vase de Soissons n'appartenait pas à Jean-Pierre ...Très jolis embochoirs, pour rester en grandes pompes. Joyeuses fêtes à vous.
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