Comment dois-je vous appeler ? Jean-Marie ? Cher ami ?
Je retrouve papa, après une nuit à l'hôtel Royal, pour un petit-déjeuner au Café de la Renaissance, il me présente un bail.
- Non, on s'est mal compris, je n'ai jamais eu l'intention de te louer gratuitement cet appartement.
- Mais c’était ce qu’on s’était dit au téléphone.
- On s’est mal compris.
- Attendez, il y a un minimum de solidarité familiale quand même !
- La famille n'existe plus pour moi.
- Et qu'est-ce que je fais là moi ? Pourquoi est-on ensemble en train de petit-déjeuner ?
un peu coincé par une logique imparable et embarrassé par une culpabilité légitime, papa fait une pirouette :
- Parce qu'il y a entre nous une connexion intellectuelle, une amitié fondée sur des valeurs.
- Ha ! (sourire), alors comment dois-je vous appeler ? Jean-Marie ? Cher ami ?
- Comme tu le voudras.
Il avait fait le coup à mes sœurs – et le fait encore régulièrement – en insistant pour voir ses petits-enfants et soulignant que ce sont eux qu’il veut voir et pas mes sœurs « qui ne représentent plus rien ».
Elles souffrent beaucoup de cette attitude. À mon tour.
Je décide de ne pas faire appel à mon « ami ». S’il faut payer un loyer, autant aller ailleurs que dans un chantier inhabitable en l'état.