Les collections d'art arabe sont en Occident

Publié le par remi

Vous commencez a me connaitre, moi et ma soif d'art. Une affiche, dans le désert... culturel qu'est Dubaï, vantant une exposition et je me précipite.

Y'a un coté terrible dans cette exposition commandée au British Museum par Dubai Holdings (le fond d'investissement de sa Majesté dubaïote), c'est de se dire que quand elles veulent promouvoir un tant soit peu la culture arabe, leur culture, les pétromonarchies font appel aux pays européens.

Et je ne parles meme pas des collections du Louvres ou du British Museum pillées pendant la période coloniale et jamais rendues (les Ottomans qui s'en foutaient, ont laissé démonter les marbres du Parthénon et les frises des palais assyriens d'Irak).

Je parles de cette fascinante collection d'art arabe moderne. Des oeuvres produites de notre vivant et que les sheikhs pétés de thunes auraient pu acquérir. Mais non ! Les artistes locaux, autant les laisser crever la dalle. Des pervers subversifs de toute façon.

Le British Museum et l'Institut du monde arabe les collectionne ? Ah bon ? Non !?!? Ces croutes de cul-terreux marxisants ? ... Si ? Ça coute combien de faire venir leur collection ? Ah !... C'est pas donné... Un pti rabais ? Ok. Banco pour le British Museum.

Le monde arabo-musulman vit une profonde décadence [1] et les collections du BM, hélas, meme en s'efforçant d'écrémer le meilleur ne font que refléter cette décadence : copies serviles des avant-gardes occidentales et de leurs "trucs", ou pire: historicisme et retour en arriere d'un millénaire a l'age d'or mythique des Ommeyades et des Abbassides.

J'adore la calligraphie arabe. Mais l'oeuvre par ailleurs magistrale ci-dessous donne une impression de répétition de techniques mises en place sous Soliman le Magnifique.

hassan Massoudy, La Religion de l'Amour, collections: British Museum

L'objet suivant laisse un arriere-gout de déja-vu mais je le trouve assez puissant (j'ai toujours adoré l'art conceptuel). Un dictionnaire anglais clouté par un artiste palestinien. Seul un mot n'a pas été haché par la colere légitime de cet artiste. C'est par ailleurs un mot négatif dans la langue anglaise (et française)

zut j'ai oublié de noter le nom de l'artiste

Philistine n. 1. member of a people opposing the Israelites in ancient Palestine. 2. person who is hostile or indifferent to culture. adj. hostile or indifferent to culture.
2. vulgarian, ignoramus, materialist, barbarian, boor, yahoo. adj. uncultured, uncultivated, unenlightened, unrefined, unread, commonplace, bourgeois, commercial, materialistic.

Quand on sait que Palestinien et Philistin sont des doublets étymologiques, on comprend mieux sont travail de dénonciation et de cloutage des pages infamantes du dictionnaires. Tout y est : l'opposition tragique des Philistins et des Israélites (qui deux mille ans plus tard, dure encore), la conscience malheureuse de l'artiste philistin d'appartenir a un peuple connu pour son indifférence a l'art.

[1] le constat n'est pas de moi. Lisez le fascinant ouvrage de Georges Corm, Le Moyen Orient éclaté

Publié dans Visuels visionnaires

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