Le début de la fin de Dubaï
J'ai écrit à plusieurs reprises au sujet de mon étonnement devant l'immobilier dubaïote. Toute la ville est un chantier et tout ce chantier est la propriété privée - à un degré ou un autre - d'un seul homme, le sheikh Mohamad Al-Maktoum. Tant que les banques ont des fonds suffisants, tant que la confiance règne et que la foi en des plus-values immobilières existe, tout va bien.
Mais les banques sont aux abois et coupent les crédits ici comme ailleurs, cherchant - ayant besoin - de liquéfier leurs encours.
Mais les investisseurs privés, spécialisés dans l'immobilier voient la fin des plus-values automatiques (les loyers ont allègrement augmenté de 20 à 30% par an du fait de la demande des nouveaux arrivants, de l'inflation locale alors que le dirham restait au par avec le dollar), et une large part de l'investissement était devenu purement spécultaif d'autant que pour attirer le chaland, les promoteurs demandaient des avances de plus en plus minces, de 10% à 5% à 2.5%... Si vous avez payé 2,5% et que votre bien encore en construction a pris 10% de plus-value potentielle, vous honorez l'échéance suivante mais s'il a pris 0% et va très sans doute perdre, autant forfaire l'avance et arrêter les frais !...
Mais l'immobilier dubaïote est un secteur économique hautement opaque - pas un vrai marché au sens occidental du terme - et les immeubles construits restent parfois a demi-vides ou attendent une mise sur le marché plus... opportune... (mais quand viendra-t-elle, cette opportunité ?) de la part des grands promoteurs, Emaar, Tamweel, Deyaar, Dubaï Properties, tous liés à la cassette privé de l'émir.
Les rumeurs les plus folles courent dans les milieux d'affaires - folles mais crédibles quand on sait que pour certains promoteurs, la proportion entre le réalisé/bâti et l'encours de production est de 20% (en d'autres termes, sur les 100 projets immobiliers du promoteur, 20 ont été achevés et 80 sont en construction) - on parle d'une dette cumulée de 500 milliards de dirhams (140 milliards de dollars).
Les grues n'ont pas encore cessé leur incessante activité en haut des gratte-ciels en construction, cependant.
Tout va bien, madame la sheikha...