Oh les jolis mots !...
Alice a fait un superbe travail de korektura (relecture orthographique et stylistique) de mon tapuscrit. J'aime beaucoup lire ses notes, ses commentaires, l'humour qui transparait sous son crayon. Et ses notes sur mon vocabulaire... Comme moi, Alice est sensible au français, cette langue que je perds progressivement, que je truffe d'anglicismes, de bohémismes.
Une garçonne de café mérite de rester dans le bouquin (et dans la langue française !).
Le fait de bagatelliser une chose sérieuse est un emprunt au tchèque bagatelizovat et ça sonne si français que je n'ai pas pensé une seconde que ça pourrait ne pas en être.
(mais elle ne souligne pas un tritentenaire, un humain de trente-trois ans...)
Les pauvres pimpins relèvent d'un faisceau de mots très instructifs de l'évolution linguistique du français (je recase mon savoir, sautez au mot en gras suivant si vous trouvez que je pontifie). En indoeuropéen, un même son a donné naissance à des mots en /kw/ (latins) et d'autres en /p/ (grec, gaulois) ; à equus correspond epos et hypos. Pour pimpin, je suis fasciné de voir la richesse des équivalents dialectaux, tous plus ou moins conservés avec leur alternance vocalique et leur fidélité au latin ou au gaulois : une pépée - un kéké, kèke, quèque (et leur quéquette), cacou, cacos, cacosse, quinquin, pimpin (et leur kiki), etc...
Se décaniller ; de "canne", au sens de "jambe" - je voudrais dans mon texte qu'il traduise un verbe tchèque "se casser la jambe" (littéralement "déjamber") - mais en plus, je parle de petites vieilles, alors un verbe à base de canne me plaisait... mais il ne veut pas dire, en français, ce que je pensais qu'il pourrait signifier...
Je n'ai pas encore trouvé l'équivalent idéal pour "to fuck the numbers"... bidonner, bidouiller, triturer,.. Je voudrais un verbe très courant, familier, pas forcément vulgaire mais imagé...
Les très jolis gramures et gramurons (petits enfants pas toujours très sages) ont séduit Alice qui me demande de les garder - ouf ! Mais du même coup, je découvre que ces mots familiaux ne sont pas du français. Coups de téléphone aux cousins maternels et paternels : "oui, on l'a déjà entendu mais que dans votre famille". Zut !
PS à Alice - tu ne sais pas à quel point ta notule [perso] en bas de la page 78 me fait plaisir !
- tu es libre Rémi, fonce !